Dans un entretien au « Monde » et à quatre autres journaux européens du réseau Europa, la présidente de la Commission européenne dévoile les grands principes du paquet de mesures pour le climat qui est présenté, mercredi, par Bruxelles. Da Le Monde.
Mercredi 14 juillet, la Commission va présenter une douzaine de propositions législatives qui doivent permettre aux Européens de respecter leur objectif de réduire d’au moins 55 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Au menu : extension du marché carbone (Emissions Trading System, ETS) à l’aviation et au maritime, création d’un second marché carbone pour le transport routier et le chauffage, interdiction des voitures à moteur thermique, mise en place d’un prélèvement aux frontières de l’Union européenne (UE) pour les produits importés ne respectant pas les mêmes standards environnementaux que leurs concurrents communautaires…
A l’heure où cet entretien du Monde et de ses partenaires au sein d’Europa (La Stampa, La Vanguardia, Süddeutsche Zeitung, The Guardian) avec Ursula von der Leyen a été pris, tous les arbitrages n’avaient pas été rendus. Mais la présidente de la Commission y explique sa philosophie et justifie la décision prise de créer un second marché carbone pour le transport routier et le chauffage des bâtiments. Une proposition très contestée, car elle se traduira mécaniquement par la hausse du prix de l’essence à la pompe et de la facture d’électricité des ménages.
L’industrie estime que vous lui en demandez trop, les ONG affirment que les ambitions européennes ne sont pas suffisantes pour respecter l’accord de Paris. Que leur répondez-vous ?
Le Green Deal, cela veut dire développer une nouvelle stratégie de croissance qui nous emmène vers une économie décarbonée. C’est possible : la croissance et les émissions de CO2 ne sont pas obligatoirement liées. Depuis 1990, les émissions ont reculé de 25 %, quand le produit intérieur brut [PIB] a progressé de plus de 60 %.
La Commission propose de renforcer le marché carbone qui existe pour l’industrie. Elle envisage, par ailleurs, d’en créer un autre, pour le transport routier et le chauffage des bâtiments. Avez-vous pris une décision ?
Le transport et l’énergie doivent être abordables pour tous. Mais le transport routier est le seul secteur dont les émissions de CO2 ont augmenté ces dernières années. Il faut inverser cette tendance.
Le marché carbone a fait ses preuves : ceux qui émettent du CO2payent des droits à polluer, et cela les incite à innover et à investir dans des technologies propres. Aujourd’hui, l’Europe l’utilise pour l’industrie et la production d’électricité. Nous allons mettre en place un second marché carbone pour le transport routier et les systèmes de chauffage.