L’envolée des budgets des armées promet des années de travail aux groupes de défense et redessine une partie de l’industrie. Mais des doutes subsistent sur les effets à long terme pour l’économie. Da Le Monde
On se croirait dans la bulle financière de l’intelligence artificielle. Le 20 octobre, pour sa première cotation à la Bourse de Francfort, l’action du chantier naval allemand TKMS s’est envolée de 75 %. Moribonde au début de la décennie, la filiale du sidérurgiste ThyssenKrupp entrevoit un nouvel âge d’or. En moins de cinq ans, son carnet de commandes a plus que triplé, à plus de 18 milliards d’euros, garantissant du travail pour les quinze prochaines années.
Comme tous les autres grands industriels de la défense, TKMS profite de l’envolée vertigineuse des budgets des armées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022. Selon l’Agence européenne de défense (AED), les dépenses militaires des 27 Etats membres de l’Union européenne (UE) s’élevaient à 343 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de 19 % par rapport à 2023. Elles pourraient atteindre 392 milliards en 2025, ce qui représenterait 2,1 % du produit intérieur brut (PIB) de l’UE, légèrement au-dessus de l’objectif de 2 % fixé par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).