En Allemagne et en Italie, la fourniture d’armes à l’Ukraine provoque davantage de débats. Pour les Français, la priorité donnée au concept de paix entre les nations ne va pas de soi, en raison, notamment, du souvenir de la défaite de juin 1940. Da Le Monde.
Que personne, en France, pas plus qu’en Europe, ne soit favorable à un conflit armé sur le continent est une évidence qui n’avait, jusqu’à il y a peu, pas même besoin d’être formulée. Cette aspiration générale à la paix s’affiche pourtant de nouveau depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, déclenchée le 24 février : unanimement désignée dès son déclenchement comme « injustifiée », elle est perçue par l’immense majorité du personnel politique comme un « crime » à la dimension « anachronique », bouleversant une paix que l’on imaginait acquise sur le territoire européen.
Si l’indignation contre cette guerre a suscité en France d’innombrables appels et manœuvres – diplomatiques, économiques ou politiques – en vue de faire cesser les hostilités, le choix du chef de l’Etat d’apporter un soutien militaire affirmé à l’Ukraine, avec la livraison d’équipements défensifs mais aussi de systèmes d’armements complexes, semble lui aussi faire l’objet d’un large consensus. Certes, il y a bien eu, lors de la campagne présidentielle, quelques timides dénonciations des positions des uns et des autres.
Jean-Luc Mélenchon, en particulier, avait appelé début mars à la méfiance envers les « va-t-en-guerre », à la désescalade et s’était réclamé de la figure de Jaurès – une position qui lui avait valu, en retour, le qualificatif de « munichois » lâché par le camp de Yannick Jadot. Mais, presque deux mois et une réélection plus tard, force est de constater que la politique extérieure d’Emmanuel Macron ne soulève que peu d’objections, dans le champ politique comme dans l’opinion publique.