Journaliste, traductrice, ancienne députée (PCI) de la République italienne et fondatrice de la revue, puis du quotidien Il Manifesto, Rossana Rossanda est morte dans la nuit de samedi 19 à dimanche 20 septembre, dans sa maison de Rome, à l’âge de 96 ans. Da Le Monde.
Journaliste, traductrice, ancienne députée (PCI) de la République italienne et fondatrice de la revue, puis du quotidien Il Manifesto, Rossana Rossanda est morte dans la nuit de samedi 19 à dimanche 20 septembre, dans sa maison de Rome, à l’âge de 96 ans. Diminuée à la suite d’un AVC, celle qui s’était joliment définie, dans son autobiographie, comme une « jeune femme du siècle passé » (La Ragazza del secolo scorso, Einaudi, 2005, non traduit) s’était faite beaucoup plus rare depuis plusieurs années.
Sa dernière apparition publique remontait au printemps 2019, à la Casa internazionale delle donne, pour soutenir des candidates de gauche aux élections européennes. Elle était apparue sur un fauteuil roulant, au côté de sa complice de toujours, l’ancienne députée européenne Luciana Castellina (qui écrit toujours, à 91 ans, dans les colonnes du Manifesto). La salle, pourtant pleine à craquer, s’était soudain plongée dans un silence impressionnant, pour recueillir ses paroles, délivrées avec difficulté, par un faible filet de voix. Nicola Zingaretti, le secrétaire du Parti démocrate (centre gauche) ? « Peu énergique, il faut quelqu’un d’autre. » Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) ? « Il est en train de dédouaner le fascisme, je ne sais pas si on se rend bien compte de cette énormité… »
Rossana Rossanda est née en 1924 à Pola (aujourd’hui Pula, en Croatie), au cœur de cette Istrie italienne depuis peu, et qui sera rattachée à la Yougoslavie après la seconde guerre mondiale. Issue de la bourgeoisie irrédentiste locale, elle part pour Milan au début des années 1930, alors que sa famille est ruinée par la Grande Dépression. Là, elle fera ses études dans les meilleurs établissements de la ville, notamment le prestigieux lycée Manzoni.
En 1940, elle s’inscrit à la faculté de lettres, où elle rencontre le philosophe Antonio Banfi, qui lui fera découvrir le marxisme..