Lundi 4 janvier, par Psa et Fca prend vie le quatrième constructeur mondial des automobiles: Stellantis. «Grâce à son union avec PSA, Fiat Chrysler pourra renforcer sa présence en Europe », dit Giuseppe Berta, professeur à l’université Bocconi de Milan. Da Le Monde.
Stellantis. Ce pourrait être le nom d’un concept de monospace, c’est celui de la nouvelle entité qui doit réunir PSA et FCA (Fiat Chrysler Automobiles). Les actionnaires du groupe français ont validé, lundi 4 janvier, le rapprochement avec l’italo-américain qui devrait donner naissance au quatrième constructeur mondial derrière Volkswagen, Toyota et Renault-Nissan, doté d’une capacité de production estimée à 8,7 millions de véhicules par an. Le groupe se hisse même à la troisième place mondiale, si on ne considère que le chiffre d’affaires.
La famille Peugeot, l’Etat français et le chinois Dongfeng ont donné leur assentiment à ce projet de fusion envisagé depuis 2018 et approuvé il y a un peu plus d’un an par les conseils d’administration des deux constructeurs. Une formalité suivie d’un vote quasi unanime (99,85 %) des autres actionnaires du groupe, réunis au cours d’une assemblée générale extraordinaire tenue à huis clos en raison du contexte sanitaire.
De leur côté, les actionnaires de l’italo-américain FCA ont également validé la fusion dans l’après-midi, également à la quasi-unanimité (99,15 %). La dynastie industrielle des Agnelli reste l’actionnaire de référence du groupe Fiat Chrysler Automobiles et John Elkann, son actuel président, présidera le nouveau conseil d’administration issu de la fusion.
« J’ai rarement eu le sentiment autant qu’aujourd’hui de vivre un moment d’histoire », a déclaré le président du conseil de surveillance de PSA, Louis Gallois, qui prend sa retraite à l’issue de cette fusion.
Selon Carlos Tavares, président portugais du directoire de PSA et qui devrait devenir le futur directeur général du nouveau groupe, PSA et FCA ont d’ores et déjà recueilli toutes les autorisations antitrust nécessaires à la fusion.
De ce côté de l’Atlantique, la Commission européenne avait donné son feu vert le 21 décembre, moyennant quelques aménagements agréés par les deux groupes afin de garantir un niveau de concurrence suffisant, notamment sur le marché des utilitaires et à travers les réseaux de concessionnaires. Du côté des Etats-Unis, le principal point de blocage aurait pu être le poids dans l’actionnariat du nouveau groupe du constructeur chinois Dongfeng, mais ce dernier s’étant préalablement séparé d’un partie de ses actions PSA (30,7 millions), il ne détiendra que 4,5 % des parts de Stellantis. Pas de quoi siéger au futur conseil, dont les onze membres ne sont pas encore connus.
Car, très concrètement, ces votes ouvrent à présent la voie à la mise en place des fameuses synergies industrielles entre les entités du nouveau mastodonte que les connaisseurs du secteur évaluent à près de 3,7 milliards d’euros. Les marques du groupe vont notamment réduire leurs coûts de développement et de construction et compléter leur offre dans toutes les gammes.
Quel impact sur les emplois ?
« Cette fusion était une question de survie, et ça vaut pour Fiat comme pour PSA », selon Giuliano Noci, professeur de stratégie à l’Ecole polytechnique de Milan. Les deux groupes sont confrontés à d’« énormes défis technologiques et stratégiques » (véhicules électriques, numérisation, conduite autonome) et aux effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19. Présent en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, Stellantis, dont le siège social sera établi aux Pays-Bas, rassemble quatorze marques, telles que Fiat, Jeep, Dodge, Ram et Maserati avec celles de Peugeot, Opel et DS, et plus de 400 000 salariés.
« Grâce à son union avec PSA, Fiat Chrysler pourra renforcer sa présence en Europe », ajoute Giuseppe Berta, professeur à l’université Bocconi de Milan et spécialiste de Fiat. « A l’inverse, le groupe français pourra reprendre pied aux Etats-Unis grâce à son allié italo-américain. »